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La grille devient réalité

Genève, le 13 novembre 2002. Une étape importante vient d'être franchie par le projet européen DataGrid (EDG)1 qui va transformer le concept de Grille de calcul mondiale en réalité. Sa dernière version de l'intergiciel – le logiciel qui permet aux ordinateurs d'une grille de travailler ensemble de manière transparente – assurera une informatique de grille d'un niveau de qualité "production". Selon Markus Schulz, l'un des principaux développeurs de logiciels au CERN2 : "avec cette version, le projet EDG va passer du stade de banc d'essai en laboratoire à celui de réalité".

L'un des principaux objectifs du projet européen DataGrid, lancé il y a presque deux ans, est d'aller au-delà de la phase de R&D et de faire la démonstration d'une grille de calcul de "qualité production". On entend par là non pas simplement une vérification des principes, mais également la mise en place d'une ressource stable, accessible et utilisable régulièrement par les scientifiques européens. Avec une telle grille, les scientifiques devraient disposer d'une puissance de calcul sans précédent pour relever d'ambitieux défis, comme la modélisation des changements climatiques ou l'analyse de données génomiques.

L'objectif de la nouvelle version d'intergiciel pour la grille du projet EDG, version qui a officiellement vu le jour le 11 novembre, est clair : permettre une informatique de grille de qualité production. Cette version s'appuie à la fois sur les logiciels précédemment mis au point dans le cadre du projet EDG et sur des solutions logicielles libres et reconnues. Réalisée à partir d'éléments de Globus 2.2, un outil de développement de logiciels pour la grille, la nouvelle version a beaucoup amélioré la prise en charge des transferts de grands fichiers et offre un meilleur suivi des applications lorsqu'elles tournent sur la grille ainsi qu'un système d'informations plus stable. Plusieurs caractéristiques essentielles pour la production ont été ajoutées, comme un accès simplifié aux systèmes de mémoire de masse, un mécanisme d'installation des logiciels plus facile et des systèmes de soumission des tâches conviviaux.

Le logiciel est en cours d'installation sur les centaines d'ordinateurs qui constituent le banc d'essai de production d'EDG, l'une des plus grandes et des plus complexes infrastructures de grille mises au point dans le monde. A l'origine limité à cinq pays européens, le banc d'essai vient récemment d'être élargi à une vingtaine de sites dans toute l'Europe, notamment en Pologne, en République tchèque, en Espagne, au Portugal, en Allemagne et dans les pays scandinaves. L'interopérabilité avec l'infrastructure de grille actuellement mise au point aux Etats-Unis a également été démontrée et de nouveaux sites en Asie, en Russie et au Canada feront bientôt partie du banc d'essai. .

Les connexions des différents nœuds européens sont rendues possibles par le projet GEANT, co-financé par l'UE : un réseau de transmission de données de premier plan reliant plus de 30 pays à travers l'Europe et atteignant des vitesses de 10 gigabits par seconde. Le projet EDG constituera l'un des premiers tests majeurs de la qualité production de cet impressionnant réseau. EDG et GEANT collaborent pour répondre aux problèmes de vitesse, de fiabilité et de capacité de contrôle posés par les applications fonctionnant sur le banc d'essai d'EDG.

Le banc d'essai de production d'EDG sera utilisé par les communautés scientifiques afin de mener des recherches dans trois domaines principaux : l'exploration génomique, l'observation de la Terre et la physique des hautes énergies. S'agissant de ce dernier, les physiciens qui travaillent au CERN dépendent de la technologie de la grille pour résoudre le gigantesque défi qui les attend en termes de données lorsque le Grand collisionneur de hadrons (LHC), le plus puissant instrument jamais construit pour sonder les propriétés de la matière, entrera en service. Les expériences LHC généreront environ 10 pétaoctets de données chaque année, ce qui équivaut à 16 millions de CD-ROM. Stocker et analyser des quantités de données aussi énormes représente un immense défi.

Le professeur Alois Putzer, de l'université d'Heidelberg, responsable de l'organisation de l'informatique à l'échelle mondiale pour l'expérience Atlas au LHC a déclaré : "Nous nous réjouissons que le projet EDG diffuse déjà un intergiciel de grille de qualité production. Il va nous permettre de commencer à tester régulièrement nos besoins extrêmes en puissance de calcul sur une infrastructure de grille réelle et pourrait avoir une incidence notable sur la manière dont nous planifierons notre centre de calcul décentralisé à l'échelle planétaire ainsi que l'accès aux données."

Pour plus d'informations veuillez contacter :
Rosy Mondardini, Responsable de l'information Projet européen DataGrid
Tél: +41-22-767-4528
Email: rosy.mondardini@cern.ch

1. Le projet européen DataGrid est financé par l'Union européenne. Il est dirigé par le CERN et comprend cinq autres partenaires principaux et quinze associés. Les plus grands laboratoires européens de recherche collaborent au projet : l'Agence spatiale européenne (ESA), le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de France, l'Istituto Nazionale di Fisica Nucleare (INFN) d'Italie, l'Institut national de physique nucléaire et de physique des hautes énergies (NIKHEF) des Pays-Bas et le Conseil de la recherche en physique des particules et en astronomie (PPARC) du Royaume-Uni. Les quinze partenaires associés appartiennent aux pays suivants : Allemagne, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Suède, République tchèque et Royaume-Uni. Voir http://www.eu-datagrid.org
2. Le CERN, le Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres actuels sont les suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, le Japon, les Etats-Unis d'Amérique, la Turquie, la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.