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Les délégués au Conseil se réunissent au CERN

Genève, le 20 juin 1997. Le Conseil1 du CERN, au sein duquel les représentants des 19 Etats membres de l'Organisation décident des programmes scientifiques et des ressources financières, a tenu sa 108e session aujourd'hui sous la présidence du professeur Luciano Maiani (IT).

Rapport du Directeur général sur les activités scientifiques

Dans son rapport sur le programme d'expériences du Laboratoire, le Directeur général a félicité le personnel pour l'excellent démarrage des accélérateurs cette année. Les performances se sont améliorées au point que les expériences avec les faisceaux de protons peuvent maintenant saisir des données deux fois plus vite qu'en 1994. Ce début très prometteur a été stoppé par un incendie qui a éclaté le 13 mai dans une alimentation du supersynchrotron à protons. Le nettoyage de la suie corrosive est une tâche complexe et de longue haleine, de sorte que les accélérateurs seront remis en service à la fin de juillet, soit deux mois d'arrêt. Le programme d'expérimentation pour 1997-98 a été en grande partie remanié, afin de réduire à une seule semaine la perte sur les 32 semaines prévues pour l'exploitation du LEP, le programme phare du CERN; cependant, d'autres programmes sont également touchés.

Le Directeur général a fait observer que, grâce à une performance meilleure que prévue du système d'accélération du LEP, il est possible d'augmenter l'énergie à partir de 1999, ce qui ouvrira de nouvelles perspectives de découvertes. Les arguments décisifs en faveur d'une année supplémentaire d'exploitation de l'accélérateur, en l'an 2000, se trouvent ainsi encore renforcés, avant la fermeture inévitable due à la construction du LHC. Plusieurs Etats membres se sont déclarés prêts à envisager le versement de contributions financières supplémentaires pour permettre la concrétisation de cette nouvelle possibilité passionnante. Il a également mentionné la proposition inédite d'envoyer un faisceau de neutrinos interagissant faiblement à travers la terre depuis le CERN jusqu'au Laboratoire du Gran Sasso, près de Rome.

Questions concernant les Etats non-membres

Le Directeur général a fait rapport sur la situation actuelle concernant les contributions d'Etats non-membres au projet LHC. Des accords ont été signés avec l'Inde, Israël, la Russie et le Laboratoire TRIUMF au Canada. En décembre 1996, le Japon a annoncé le versement d'une deuxième contribution au LHC de 3,85 milliards de yens, portant l'apport total de ce pays à 8,85 milliards de yens (~100 MCHF). Le Directeur général a décrit l'évolution récente de la négociation d'une contribution des Etats-Unis d'Amérique au LHC. Un accord avait été conclu en 1996 avec le Département de l'énergie (DOE) et la Fondation nationale pour la science (NSF), sous réserve de l'approbation du Comité national pour la science (NSB), laquelle a été obtenue en mai 1997. L'approbation du financement est maintenant l'affaire du Congrès. Les premières réactions du Congrès des Etats-Unis font apparaître la nécessité de préciser l'accord et d'expliciter divers points précédemment implicites.

Le Conseil du CERN a approuvé le texte révisé et reconfirmé son approbation de l'ensemble de l'accord, qu'il estime maintenant définitif. Le Conseil espère maintenant que le financement nécessaire sera approuvé par le Congrès dans un avenir proche. Le professeur Llewellyn Smith a déclaré: "L'accord permettra de construire plus rapidement le LHC et ses remarquables détecteurs. Nos collègues des Etats-Unis ont déjà apporté des contributions considérables sur le plan intellectuel et nous attendons avec impatience une symbiose dynamique des expériences européenne et américaine dans le domaine de la physique des particules. La signature définitive de cet accord marquera un progrès important en matière de collaboration scientifique interrégionale."

Transfert de technologie

La recherche en physique des particules exige en permanence des performances technologiques exceptionnelles, ce qui en fait une riche pépinière de technologies nouvelles. Le transfert efficace de ces nouvelles technologies entre le Laboratoire et l'industrie européenne a toujours été une priorité du CERN. De nouvelles mesures visant à renforcer le transfert de technologie ont maintenant été prises par le CERN et expliquées au Conseil par le Directeur de la recherche et Directeur technique, M. Horst Wenninger. Le CERN a créé un nouveau Comité consultatif pour la technologie et un séminaire spécial sur le transfert de technologie, auquel participeront des représentants de l'industrie et d'autres instituts scientifiques de premier plan, se tiendra au CERN en novembre 1997. M. Wenninger a souligné l'importance du transfert de technologie par l'intermédiaire des hommes. De jeunes scientifiques possédant une solide formation, qui ont acquis une expérience au CERN et probablement pris part aux Ecoles du CERN sur la technologie, les accélérateurs et le calcul électronique, rejoignent ensuite le milieu industriel. En règle générale, 50% des étudiants de doctorat au CERN poursuivent leur carrière dans l'industrie. Il a cité de nombreuses réussites dans le domaine du transfert de technologie depuis le CERN, allant de perfectionnements de la supraconductivité à des logiciels informatiques mis au point au CERN à des fins administratives, qui retiennent l'intérêt de l'industrie et du secteur bancaire.

Présentation publique aux délégués au Conseil du CERN par le professeur Carlo Rubbia

Le professeur Rubbia a fait état des principaux résultats des études consacrées au CERN depuis trois ans à l'incidence potentielle de nouvelles technologies en matière d'accélérateurs dans le domaine de la production d'énergie à partir de noyaux. Il a donné un aperçu des possibilités d'utiliser un "amplificateur d'énergie" entraîné par un accélérateur pour éliminer des déchets radioactifs indésirables à longue durée de vie, produire par la suite de l'énergie dans des conditions non critiques et comme substitut aux réacteurs pour l'activation par des neutrons d'éléments radioactifs à vie brève pour des applications industrielles et médicales.

1. Le CERN, Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, la République slovaque, la République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, le Japon, la Turquie, la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.