View in

English

Le grand collisionneur de hadrons est présenté au Conseil du CERN

Evolution du projet

Genève, le 16 juin 1994. Dès l'année 1977, lors des discussions préparatoires en vue de la construction du grand collisionneur électron-positon LEP du CERN1, il était apparu clairement que les travaux de creusement du tunnel du LEP présenteraient, du point de vue économique, un plus grand intérêt si ce tunnel pouvait être réutilisé pour une machine qui succéderait au LEP. Pendant les travaux d'étude et de construction du LEP au début des années 80, des groupes du CERN ont donc entrepris de réfléchir activement à l'avenir à plus long terme.

En mars 1984, les participants à un atelier organisé conjointement par le Comité européen sur les futurs Accélérateurs (ECFA) et le CERN avaient conclu que l'exploration de la gamme d'énergies autour de 1 TeV était la prochaine étape logique du programme mondial de recherche en physique des particules. C'est en 1985 qu'on s'est acheminé formellement, pour la première fois, vers la réalisation du LHC, avec la réunion d'un Groupe de travail sur l'avenir scientifique et technologique du CERN chargé d'examiner des options futures pour le Laboratoire. Ce comité a estimé qu'après la période de pleine exploitation du LEP l'Europe aurait besoin d'une installation de 1 TeV et qu'un anneau de collision de protons installé dans le tunnel existant du LEP serait le moyen le plus économique de parvenir à la gamme d'énergies souhaitée. Un programme intensif de R&D a été lancé pour déterminer si ce projet de collisionneur était crédible, et en juin 1990 le Comité des directives scientifiques du CERN entérinait la proposition, qui devait recevoir ensuite, la même année, le soutien de l'ECFA. Pour affiner les paramètres du projet, de nombreux ateliers ont été organisés par la suite, dont le point culminant a été une réunion à Aix-la-Chapelle en octobre 1990.

En décembre 1991, après avoir examiné un rapport technique détaillé sur le collisionneur, le Conseil du CERN déclarait que "le LHC est la machine qui convient pour assurer la poursuite de la mission du CERN et l'avenir de celui-ci". En juin 1993, le choix des détecteurs pour les collisions proton-proton et les collisions d'ions lourds était fait, mais celui d'autres expériences plus modestes sur ce qu'on appelle la physique des particules B est encore en discussion à l'heure actuelle. En décembre 1993, Le Comité d'examen extérieur du LHC, composé de quatorze experts de réputation mondiale, a conclu que la conception, les performances attendues et les estimations du cožt du LHC étaient réalistes.

Lorsqu'une estimation détaillée du cožt du programme futur du CERN (y compris le LHC) a été présentée au Conseil à la fin de 1993, il était devenu évident que le budget existant du CERN ne permettrait pas de construire le LHC avec le calendrier souhaité. Le cožt total du LHC pour le CERN représente 2660ÊMCHF. Si les niveaux budgétaires existants permettent d'absorber la majorité de ce montant, l'achèvement du LHC à la date de 2002 fixée comme objectif pour le début des expériences de physique nécessiterait un supplément de crédits de 500ÊMCHF en plus des contributions budgétaires attendues entre 1995 et 2005.

Pour pallier cette insuffisance de ressources on envisage divers scénarios financiers, parmi lesquels le plus probable serait que les Etats non-membres dont les physiciens utiliseront de manière substantielle le LHC apportent des contributions importantes. D'autres sources de recettes sont possibles, y compris des contributions supplémentaires d'Etats membres, en particulier des Etats h™tes. La difficulté tient au fait que l'importance de l'aide supplémentaire qui proviendrait de ces sources, en particulier des Etats non-membres, ne sera sans doute connue avec précision que lorsque les 19 Etats membres du CERN auront donné le feu vert au projet LHC. Le Conseil du CERN s'est attaqué à ce dilemme à sa dernière session du 15 avril 1994. Avec la seule abstention de l'Espagne, les Etats membres ont réaffirmé que le LHC était la machine qui convenait pour le CERN et qu'elle devrait constituer l'élément central du programme à long terme du Laboratoire. Quant à son financement, le Conseil a déclaré qu'il souhaitait"que le LHC soit réalisé dans le cadre du programme de base du Laboratoire et (...) que le projet et son financement soient approuvés par consensus général". Le Conseil espère pouvoir prendre, sur cette base, une décision finale concernant le LHC en juin 1994.

1. CERN, the European Laboratory for Particle Physics, has its headquarters in Geneva. At present, its Member States are Austria, Belgium, the Czech Republic, Denmark, Finland, France, Germany, Greece, Hungary, Italy, Netherlands, Norway, Poland, Portugal, the Slovak Republic, Spain, Sweden, Switzerland and the United Kingdom. Israel, the Russian Federation, Turkey, Yugoslavia (status suspended after UN embargo, June 1992), the European Commission and Unesco have observer status.